Il
y a décidément ce samedi-là sur la Terre une furieuse envie de
lumière, de clarté, de soleil; dans le style Eté indien,
sitôt dit sitôt fait, l’astre magistral accepte l’invitation et
nous déambulons et défilons jusqu’à en suer nos propres eaux !
A l’instar de feu Fidel qui,lui, donnait dans le discours, nous
défilerons-fleuve cet après-midi et sont
de la fête septembrienne (sauf erreur de ma part) : Anne,
Anivone, Catéfé, Cécile, Claire S, Eve, Joël, kaLoup, Maripolo,
Marisofi, Martine V, Mary, Maryse, Sébastien, Soisic, Véro et
Vonjy…
Tout débute par une lente
déambulation dans les
chemins de cette japonaise île de Versailles jusqu’à
une scène surélevée prévue à cet effet avec une vague bleue
d’anthologie. Puis suivent trois collections bords
de fleuve, fleuves du monde
et final japonais.
Nous touchons, c’est un
peu nouveau, tout un public imprévu car les passants qui farnientent
nonchalamment sur les pelouses du jardin nous découvrent dans nos
tenues foutraques (il y a notamment des robes immaculées du plus bel
effet, sorties tout droit des vestiaires de chez Brumachon du CCN de
la Rue Noire), ils bronzaient tranquilles, les voilà qui nous
suivent intrigués, chaque escale musicale irriguée par des los
Trodchefs en verve leur offre de quoi étudier
les tenues avec amusement, ils se demandent ce qu’est ce défilé,
qui l’a organisé, de « quel IME on a sorti ces folles
brindezingues » puis le rire l’emporte, la facétie et le
plaisir itou ! On parvient cahin-caha jusqu’au bout de l’île.
Là, un barnum blanc nous
attend pour servir de loges impériales, on a beaucoup de volume
–satanée piscine gonflable…- l’espace de chacune chacun est
restreint mais on est rôdé ! Non loin, un mariage assez Europe
de l’est avant la chute du Mur festoie, sinistre et terne. On nous
regarde sans doute avec envie car la fête c’est chez nous, pas
chez eux !
Entre chaque collection,
notre bien-aimée fanfare occupe le terrain et il faut décrypter les
codes gestuels des guetteuses et les regards des musiciens pour
comprendre s’il faut que le morceau se prolonge ou si ça y est…
une première vague de ramequins est prête à débouler ! Tout
un art, je vous dis !
Bords de fleuve :
On embarque le public sur les rivages inavoués de fleuves :
plumes, pneus, bambous-ci, roseaux-là, bouées ou piscine entre
déchets imputrescibles et vestiges animaux, l’eau nous porte
nonchalamment jusqu’aux yeux des gens. Petit courant ou cascade,
écluses ou ruisselet, l’œil a de quoi se rassasier, la lumière
est belle, les musiques idéales, on a le temps pour nous.
Fleuves du Monde :
chacune chacun décline alors en seconde collection un
fleuve du monde à sa façon. Avec une pancarte qui
indique Mississipi, Guadalquivir, Amour, Rio…. (mexicain…),
Colorado, Loire, Gironde,… nos géographies en goguette s’affichent
aussi sur nos épaules aquatiques, nos joviaux popotins, nos
poitrines girondes, nos sourires liquides, tout coule et s’enchaîne
avec une précision impressionnante… d’impro et de lâcher-prise !
Final
Japonais :
c’est dans l’univers nippon si chéri à nos âmes d’enfants
que nous lançons nos dernières cartouches de l’été, certaines
tenues ont été relookées car déjà ancestrales, non que les corps
aient pu subir quelques modification que ce soit mais les matériaux,
avec le temps et le stockage quelquefois un peu limite, s’amenuisent
ou s’altèrent… nos geishas ont du talent car le public ne s’y
trompe pas, pluie de sushis verbaux et d’applaudissements
crépitants, c’est un final qui, somme tout, clôture le défilé
avec panache.
C’est
formidable comment une dernière collection sert idéalement la fin
de la prestation (syndrome « En
un, la prem’s ! En deuz’ la seconde ! Et en troiz’,
la troisième collection »
fort bien connu au Dé Joyeux, d’aucuns travaillent sur le sujet et
des équipes dans le monde entier semblent nous envier cette
apparente logique désarmante car pourrait s’y rajouter « Final :
la der des der ! »)
Les
gens nous quittent à regret : On
ne voudrait pas que cela s’arrête… Continuez à nous faire
rire ! Ne changez rien, Vous êtes de la Mairie ? Vous
faites ça depuis longtemps ? Vous changez tout le temps de
collections ?
Nous
regagnons notre base à l’espace Simone de Beauvoir qui en culotte,
qui en tenue dépoitraillée, sous l’œil goguenard de badauds
conquis.
A
boire et à manger asiatique dans le soleil couchant, de quoi rire
encore en s’endormant, un défilé de plus… qui s’avère être
une date supplémentaire aux dates déjà vécues (tiens, tiens, le
syndrome sévit encore) !