samedi 19 septembre 2015

Si Versailles m'était conté ...

Il y a décidément ce samedi-là sur la Terre une furieuse envie de lumière, de clarté, de soleil; dans le style Eté indien, sitôt dit sitôt fait, l’astre magistral accepte l’invitation et nous déambulons et défilons jusqu’à en suer nos propres eaux ! A l’instar de feu Fidel qui,lui, donnait dans le discours, nous défilerons-fleuve cet après-midi et sont de la fête septembrienne (sauf erreur de ma part) : Anne, Anivone, Catéfé, Cécile, Claire S, Eve, Joël, kaLoup, Maripolo, Marisofi, Martine V, Mary, Maryse, Sébastien, Soisic, Véro et Vonjy…

Tout débute par une lente déambulation dans les chemins de cette japonaise île de Versailles jusqu’à une scène surélevée prévue à cet effet avec une vague bleue d’anthologie. Puis suivent trois collections bords de fleuve, fleuves du monde et final japonais.
Nous touchons, c’est un peu nouveau, tout un public imprévu car les passants qui farnientent nonchalamment sur les pelouses du jardin nous découvrent dans nos tenues foutraques (il y a notamment des robes immaculées du plus bel effet, sorties tout droit des vestiaires de chez Brumachon du CCN de la Rue Noire), ils bronzaient tranquilles, les voilà qui nous suivent intrigués, chaque escale musicale irriguée par des los Trodchefs en verve leur offre de quoi étudier les tenues avec amusement, ils se demandent ce qu’est ce défilé, qui l’a organisé, de « quel IME on a sorti ces folles brindezingues » puis le rire l’emporte, la facétie et le plaisir itou ! On parvient cahin-caha jusqu’au bout de l’île.
Là, un barnum blanc nous attend pour servir de loges impériales, on a beaucoup de volume –satanée piscine gonflable…- l’espace de chacune chacun est restreint mais on est rôdé ! Non loin, un mariage assez Europe de l’est avant la chute du Mur festoie, sinistre et terne. On nous regarde sans doute avec envie car la fête c’est chez nous, pas chez eux !
Entre chaque collection, notre bien-aimée fanfare occupe le terrain et il faut décrypter les codes gestuels des guetteuses et les regards des musiciens pour comprendre s’il faut que le morceau se prolonge ou si ça y est… une première vague de ramequins est prête à débouler ! Tout un art, je vous dis !
Bords de fleuve : On embarque le public sur les rivages inavoués de fleuves : plumes, pneus, bambous-ci, roseaux-là, bouées ou piscine entre déchets imputrescibles et vestiges animaux, l’eau nous porte nonchalamment jusqu’aux yeux des gens. Petit courant ou cascade, écluses ou ruisselet, l’œil a de quoi se rassasier, la lumière est belle, les musiques idéales, on a le temps pour nous.
Fleuves du Monde : chacune chacun décline alors en seconde collection un fleuve du monde à sa façon. Avec une pancarte qui indique Mississipi, Guadalquivir, Amour, Rio…. (mexicain…), Colorado, Loire, Gironde,… nos géographies en goguette s’affichent aussi sur nos épaules aquatiques, nos joviaux popotins, nos poitrines girondes, nos sourires liquides, tout coule et s’enchaîne avec une précision impressionnante… d’impro et de lâcher-prise !
Final Japonais : c’est dans l’univers nippon si chéri à nos âmes d’enfants que nous lançons nos dernières cartouches de l’été, certaines tenues ont été relookées car déjà ancestrales, non que les corps aient pu subir quelques modification que ce soit mais les matériaux, avec le temps et le stockage quelquefois un peu limite, s’amenuisent ou s’altèrent… nos geishas ont du talent car le public ne s’y trompe pas, pluie de sushis verbaux et d’applaudissements crépitants, c’est un final qui, somme tout, clôture le défilé avec panache.
C’est formidable comment une dernière collection sert idéalement la fin de la prestation (syndrome « En un, la prem’s ! En deuz’ la seconde ! Et en troiz’, la troisième collection » fort bien connu au Dé Joyeux, d’aucuns travaillent sur le sujet et des équipes dans le monde entier semblent nous envier cette apparente logique désarmante car pourrait s’y rajouter « Final : la der des der ! »)
Les gens nous quittent à regret : On ne voudrait pas que cela s’arrête… Continuez à nous faire rire ! Ne changez rien, Vous êtes de la Mairie ? Vous faites ça depuis longtemps ? Vous changez tout le temps de collections ?
Nous regagnons notre base à l’espace Simone de Beauvoir qui en culotte, qui en tenue dépoitraillée, sous l’œil goguenard de badauds conquis.

A boire et à manger asiatique dans le soleil couchant, de quoi rire encore en s’endormant, un défilé de plus… qui s’avère être une date supplémentaire aux dates déjà vécues (tiens, tiens, le syndrome sévit encore) !
Kloup dans le cadre  de Nantes Fleuve du Monde  Sept  2015